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Alpheus et Aréthuse. École romaine vers 1700, attribué à Carlo Maratta (1625 – 1713)

Ecole romaine de la fin du XVIIe siècle, attribué à Carlo Maratta. Huile sur toile.

Notre peinture illustre un épisode de la mythologie grecque mettant en scène l’instant où la nymphe Aréthuse est enveloppée dans un épais brouillard tourbillonnant pour échapper au dieu fleuve Alphée (ou Alpheus) qui la poursuit. En pleine course, ce dernier enserre la nuée pensant étreindre la beauté qui le fuit. Afin d’accentuer le mouvement centripète de la composition, les gestes et les regards des autres protagonistes (divinité fleuve couchée, nymphes couronnées de fleurs et de feuilles et putti) sont orientés vers le couple.

Cette œuvre baroque est une synthèse du débat « Disegno-Colore » (dessin-couleur) qui dressait les peintres les uns contre les autres depuis le 16e siècle. Et ce, à Rome plus qu’en Toscane. A partir des années 1660, et après la mort d’Andrea Sacchi, les compositions de Carlo Maratta se libèrent d’une certaine austérité, s’ouvrant au courant classique qui circule alors. Sa peinture se fait alors plus décorative, arborant une palette colorée et un pinceau plus souple. Ainsi, notre tableau peut-il être rapproché d’autres œuvres de Carlo Maratta de cette période: Apollon pourchassant Daphné (1681, Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles) ou La Découverte de Rémus et Romulus (entre 1680 et 1692, Palais du Sans-Souci, Potsdam).

Nous avons choisi de vous présenter cette peinture dans un élégant cadre italien en bois sculpté et doré à décors de feuillage.

Dimensions : 64 x 49 cm – 79 x 64 cm avec le cadre

Le mythe d’Alphée et Aréthuse :

Dans la Grèce classique, les dieux, entre les mains desquels se jouait le destin de la civilisation, ont inspiré de nombreuses légendes et mythes. La ville de Syracuse, héritière de la culture et des traditions grecques, cultive une de ces belles légendes qui raconte le mythe d'Aréthuse et d'Alpheus.

Aréthuse, favorite de Diane déesse de la chasse et de la connaissance, était une nymphe si belle que tous les hommes qui posaient les yeux sur elle finissaient par la désirer. Et il ne fallut pas longtemps pour qu'Alphée, dieu fleuve (situé dans le Péloponnèse) fils du titan Océan, succombe à sa beauté. Après une partie de chasse, Aréthuse se baigna dans une rivière dont les eaux se mirent à bouillonner. Effrayée par les tourbillons, la nymphe sortit précipitamment de l'eau et Alphée apparut sous sa forme humaine se montrant dans toute sa beauté lascive. Aréthuse tenta de s’enfuir, comprenant la volonté d'Alphée de la faire sienne. Lorsque la nymphe fut fatiguée de courir, dans un appel désespéré, elle demanda de l'aide à Diane : "Transforme-moi en eau le plus loin possible d'ici." Diane accueillit l'appel d'Aréthuse et lui permit de se cacher de la vue d'Alphée dans un épais brouillard, puis la transforma en une source d'eau douce à Ortigia (île à proximité de Syracuse). Cette légende est tellement ancrée dans la culture et l'histoire de Syracuse que ses habitants portent avec fierté le surnom d' « aretusei » et qu’une source d’eau douce à Ortigia porte le nom de "Fontaine d'Arethusa".

Biographie:

Carlo Maratta ou Maratti (Camerano, Ancône 1625 – Rome 1713) entre très jeune dans l’atelier d’Andrea Sacchi duquel il ne se détachera qu’en 1661 (à la mort de ce dernier). Formé à l'étude des œuvres de Raphaël et du Carrache, il adhère à la tendance classique du baroque tardif romain. Protégé par Alexandre VII, il travailla principalement à Rome avec une élégance formelle. Il produit de grands tableaux d'autel (Visitation, 1656, Santa Maria della Pace ; Mort de Saint-François-Xavier, 1679, Église de Jésus ; Gloire de Saint-Ambroise et Saint-Charles, 1685-90, San Carlo al Corso), des portraits forts (Maria Maddalena Rospigliosi, Louvre Paris; Andrea Sacchi, Prado Madrid; cardinal Antonio Barberini, Galleria nationale Rome). Et d’importantes fresques (Triomphe de la Clémence, Palazzo Altieri Rome; Naissance de Vénus, Villa Falconieri Frascati), qui se caractérisent par leur composition grandiose et leurs arrangements chromatiques harmonieux. Son énorme production domine tout l'art romain de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle.

Bibliophilie:

  • Maratti e l’Europa. L. Barroero, S. Schütze, S. Prosperi Valenti Rodino. Editeur Campisano 2015

  • Patronage and devotion. A focus on six roman baroque paintings. Giovan Battista Fidanza et Guendalina Serafinelli. Editeur Holberton 2022

  • Da Rubens a Maratta. Le meraviglie del barocco nelle Marche. Catalogo della mostra (Osimo, 29 giugno-15 dicembre 2013) vol. 2 - Osimo e la Marca di Ancona. Sgarbi, Vittorio (a cura di). Editeur par Silvana Editoriale 2013

  • Interpretare Ovidio. Luigi Garzi, il mito di Alfeo e Aretusa e una nota su Hinrich Krock, "Amica Veritas". Studi di storia dell'arte in onore di Claudio Strinati, a cura di Antonio Vannugli, Roma 2020, pp. 469-483.

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